La liste peut être longue, ces choses que nous voulons pour la communauté musulmane. Et il n’en manque pas ceux qui pourront nous promettre monts et merveilles. Jamais n’a-t-on vu autant de défenseurs de la communauté, de porte-parole auto- proclamés, de sauveurs de l’islam. La communauté se porterait mieux si on la laissait tranquille. L’islam n’est pas en danger, malgré tout ce que certains brandissent comme menaces et ce que d’autres perçoivent comme des ennemis. Il faut se méfier des ‘’roder bout’’. Est-ce à dire que nous devons être satisfaits de notre situation de musulmanes et de musulmans ? Certes non, mais c’est à nous que revient la responsabilité de nous changer nous-mêmes.
Que faire pour me changer moi-même afin d’ être un meilleur être ? Si on entend par ‘’être meilleur’’ c’est le fait d’être plus proche de Dieu, alors il faut impérativement que je m’éduque, d’abord, à ce qui plaît à Dieu. L’éducation n’a rien à voir ici avec le fait de compléter un cursus afin d’avoir un certificat. La formation de l’être dont il est question ici ne doit nullement aussi être confondue avec le nombre de versets appris par cœur, ou de règles assimilées.
Lorsqu’on conçoit l’éducation comme un ascenseur économique surtout, le système ne peut que se pervertir en favorisant le savoir et le savoir-faire mercantile au détriment du savoir-être, pire une culture de répétition au lieu de la créativité et de la qualité. Les parents deviennent obsédés pour le succès matériel de leurs enfants. L’éducation dans le vrai sens du terme passe après.
Revenons à l’islam et rappelons-nous certains faits. Le premier mot révélé au Prophète (saw) est ‘’Lis…’’. Celui-ci fera de la recherche de la connaissance une obligation. Il nous apprend à invoquer Dieu afin d’acquérir un savoir ‘’utile’’, dans ce monde comme dans l’autre. Et la Révélation nous apprend que ceux qui savent sont ceux qui craignent Dieu le plus.
S’il est dit que le meilleur est celui qui apprend le Coran et l’enseigne, il n’a jamais été question ici d’une éducation sans compréhension et coupée de la pratique. Or c’est là notre problème. L’école islamique, ou la madrasa, ne répond pas à notre réalité. La formation dite ‘’ séculière’’ n’inculque aucune initiation au sens des sciences. Ces deux systèmes foncièrement inadéquats ne s’ajoutent pas afin de parfaire l’éducation de nos enfants. Au mieux, nous ne produirons que des professionnels sans foi et des croyants sans engagement.
Que faire ? Il n’existe pas de solution facile sauf si chacun, individuellement, fasse ce que le Prophète (saw) nous a enseigné. Apprenons, même si ce n’est qu’un verset, comprenons sa signification, appliquons-la dans notre vie.
Que nous soyons 200 000 musulmanes et musulmans à faire cela en même temps. Le marchand ambulant le fera et apprendra à aimer son prochain, l’instituteur aussi et sera humble vis-à-vis de ses élèves, la ménagère ensuite et elle pensera davantage aux pauvres, le chauffeur, l’étudiante, le manager, le jeune sans-emploi…
Apprendre, appliquer et transmettre les signes de la Révélation doivent être la responsabilité de chacune et de chacun. Approprions-nous de notre religion. Et si une personne ne peut agir comme éducateur vis-à-vis d’autrui, qu’il devienne au moins soi-même le bénéficiaire du savoir, qu’il agisse et soit l’exemple à suivre.