L'an 2012 est déjà annoncé comme celui de grands moments, de tous les dangers mais aussi de tous les espoirs. Comme pour faire écho aux récessions et aux révolutions d'ailleurs, ici on parle des réformes et des remakes à venir. Suffit-il de changer le système pour changer le monde ? Qu'en est-il de nos façons d'être, de nos mentalités, de ce qui est en notre intérieur?
Jusqu'ici nous n'avons évoqué que la nécessité de transformer, graduellement sinon radicalement, les structures en agissant au niveau des institutions, en amendant la Constitution, ou en apportant surtout des lois et des règles. Or il s'avère que nous oublions trop que nous avons affaire à des êtres humains, et non à des machines. Nos cœurs ont besoin d'être éduqués, nous avons besoin être écoutés, nous devons être accompagnés, nous devons nous accompagner les uns les autres. Quelques uns parmi nous ne peuvent penser pour les autres, mais nous devons penser ensemble. Cheminer et vivre ensemble, malgré nos différences. Notre pluralisme est un défi qui nous exige de prendre notre temps afin de prendre en compte tous les intérêts et toutes les parties, surtout ceux et celles qui sont plus vulnérables.
Dans ce contexte, à l'heure où nous voyons arriver des propositions de réformes et de remake, ayons le courage de poser quelques questions fondamentales à nos décideurs. Et à nous-mêmes...
1. D'abord, voulons-nous d'une démocratie plus participative ou plus représentative ? Si le premier cas est notre choix, alors il faudra repenser le fonctionnement des partis politiques. Est-il indispensable d'être au sein d'un parti pour faire de la politique ?
2. Voulons-nous d'une démocratie plus centralisée ou plus de proximité ? Cette dernièredemande une refonte de notre structure de prise de décisions.
3. L'élu (e) représente-t-il (elle) son parti ou ses mandants d'abord ?
4. La citoyenneté égalitaire est-elle sans exception aucune ?
5. L'État de droit s'applique-t-il à tout le monde, y compris la classe politique ?
6. Comment se conjugue la séparation des pouvoirs entre les différentes institutions ?
7. La politique est-elle au service de l'économie, ou vice-versa ?
8. Notre Constitution reconnait-elle des droits et des devoirs sociaux, économiques etenvironnementaux ?
9. Le financement des partis politiques doit-il être contrôlé ? Si oui, comment ?
10. Les institutions publiques, y compris la télévision nationale, doivent –elles êtres indépendantes ?
11. Voulons-nous, finalement, d'un leadership collégial élargi et/ ou d'un leader qui rassemble au-delà de notre diversité ?
Il ne faudra surtout pas réduire nos ambitions d'un monde meilleur à un arrangement électoraliste entre deux ou trois individus. Les changements qui nous attendent survivront alors qu'ils seront tous partis, et nous ne serons aussi plus de ce monde. Il ne faudra pas non plus s'obstiner à défendre un système dépassé, conçu pour un autre contexte. Si les avis d'EX-perts doivent être écoutés, ce serait un impair de laisser la décision à ces derniers.
Le jugement du Privy Council sur l'affaire du Blok 104 nous rappelle que nous avons grandi, que nous avons la maturité qu'il faut pour marcher seul, ensemble comme une nation. Une autre lecture, plus brutale, est qu'il nous demande de grandir. Il faut que chaque être parmi nous fasse l'effort d'avancer.
Cela commence souvent par changer notre regard du monde, ce qui est en notre cœurindividuellement...