Par Abu Abdallah
Allah (swt) nous dit que parmi les gens, il y a ceux qui donnent tout pour chercher Son Plaisir. Ceux qui portent la foi sont appelés à entrer en islam complètement. Et de ne pas suivre ce qui est mal. Voilà le message du dernier Envoyé (saw), un rappel à l’humanité entière, qui s’étend jusqu’au Jour dernier.

Maintenant et ici. Peut-on vivre l’islam totalement ou devons-nous nous en séparer d’une partie? Pouvons nous appliquer l’islam dans tous les aspects de notre vie ? Faut-il s’isoler du reste du monde contemporain pour entrer pleinement en islam ?

Exemple

Prenons un cas. En ces temps de vacances d’été, nous nous rendons, peut-être, des fois à la plage. Et là nous ne sommes jamais seuls. Que faire ? Peut-on y être complètement musulman ou complètement musulmane ? Existe-t-il une voie entre le refus de se rendre à la mer au nom de la préservation de notre foi et l’obligation de faire comme des non-musulmans ou des non-musulmanes qui s’y rendent ?

Puisque le défi est énorme, puisque le risque existe et puisque la difficulté est inévitable, certains musulmans préfèrent ne pas s’aventurer sur nos bords de mer. C’est une solution qui exige notre respect. Il faut voir, toutefois, à quel point elle demeure réaliste, surtout pour notre jeunesse musulmane.

A l’autre extrême, au « tout-haram » de certains musulmans, d’autres répondent par un « tout-halal » influencé par la culture dominante. Ainsi, ces derniers font exactement comme font des non-musulmans. Ils sont parfaitement assimilés.

Juste milieu

Entre les deux extrêmes, existe-t-il une voie qui serait complètement islamique et qui serait également réaliste dans notre contexte actuel ? Nous pouvons aussi poser la question autrement : quel doit être l’exemple du musulman qui se rend à la plage ? Peut-on définir un comportement digne qui fait honneur au musulman, et qui peut même inspirer tout être de conscience ?

Cette voie du juste milieu est non seulement possible, mais elle est nécessaire. Les deux extrêmes, l’isolement et l’assimilation, ne permettent nullement l’épanouissement sain de la personnalité de celui, ou de celle, qui veut vivre sa foi, complètement, dans le contexte de son époque. Si nous croyons que l’islam est universel et intemporel, le modèle musulman doit être en mesure de guider le monde vers ce qui est pratique et convenable, bénéfique matériellement et spirituellement, utile ici bas comme après la mort.

Nos sources

Reconnaître que Muhammad (saw) est le dernier Envoyé implique que le Coran et l’exemple du Prophète (saw) sont nos références incontournables. Y trouvons-nous des directives liées explicitement au fait de se rendre à la plage, quatorze siècles plus tard, dans une petite île multiethnique qui s’appelle Maurice ? Certainement pas, mais cela ne veut nullement dire que nous sommes perdus.

Si nous nous attelons à un travail de compréhension des sources et des réalités du contexte actuel, nous arrivons facilement à une solution à notre problème. Il existe, à partir des références islamiques, toute une éthique concernant les loisirs, l’habillement, le regard, le comportement, l’emploi du temps, les relations hommes-femmes ou encore le vivre-ensemble. Si nous appliquons les principes qui émanent d’une telle éthique, nous pourrons aller à la plage sans avoir à faire comme des non-musulmans.

Solution

D’abord, nous choisirons soigneusement le moment et l’endroit de notre excursion comme la compagnie des gens qui seront avec nous. Ensuite, nous ne pourrons nous habiller n’importe comment. Nous ne pourrons aussi nous laisser aller, que ce soit dans nos regards, dans ce que nous consommons ou encore dans ce que nous faisons comme loisirs. A l’heure des prières quotidiennes, nous devons nous rassembler pour établir ce qui est le deuxième pilier de l’islam. La terre entière n’est-elle pas notre mosquée ? L’eau de mer n’est-elle pas convenable pour notre ablution? En toute occasion, nous devons chercher à nous souvenir des faveurs d’Allah (swt).

L’éthique islamique va plus loin. En tant que musulman qui cherche le plaisir d’Allah (swt), nous ne pouvons détruire des arbres, salir la plage, polluer la mer. N’est-il pas dit que nos voisins, musulmans ou non, ont des droits sur nous ? Sauver quelqu’un qui risque de se noyer est une grande action qui n’est pas à la portée de tout le monde. Toutefois, nous avons souvent les moyens de partager une bonne parole, un peu de nourriture ou une politesse à un étranger que nous rencontrons à la plage. Et l’occasion de fraterniser, également, avec d’autres musulmans que nous connaissons pas ou que nous connaissons peu. Et aller à la mer est également une opportunité pour nous éduquer, ainsi que pour éduquer nos enfants, aux signes d’Allah (swt). Le Prophète (saw) savait nager alors qu’il était entouré d’un désert. Combien parmi nous, entourés d’un océan, suivent cet exemple ?

Conclusion

La promenade au bord de mer n’est qu’un cas parmi d’autres. Certes, ce n’est pas le plus complexe des problèmes, mais cet exemple doit nous faire réfléchir aux façons de concilier les textes auxquelles nous croyons au contexte dans lequel nous vivons. Invariablement, nous finirons par trouver des solutions, lumineuses et exemplaires, si nous faisons l’effort de chercher, sincèrement et humblement, avec foi et intelligence. S’isoler ou se laisser assimiler sont synonymes de démission devant notre responsabilité de vice-gérance ici-bas. Pour Allah (swt) et au service des autres, entrons en islam complètement...